Lettre ouverte du président de MUNACA à Deep Saini
Président Saini,
Je vous écris aujourd’hui pour dénoncer avec véhémence vos actions insensibles envers McGill et tous ses membres. Sous couvert de déficit budgétaire, vous poursuivez votre politique de la terre brûlée et dévastatrice envers tous les établissements que vous avez dirigés au fil des ans. Vous suivez les traces de Heather Munroe-Blum, transformant Royal Institution for the Advancement of Learning en ‘une école de métiers d’entreprise’.
Vous licenciez et congédier des employés dévoués qui ont des familles et peinent déjà à joindre les deux bouts, dont certains sont en congé d’invalidité de longue durée. Pendant ce temps, la haute direction, avec ses salaires gonflés, continue de se nourrir des excès. Cette réaction sourde au prétendu déficit ne peut que mener à la ruine d’un haut lieu d’enseignement supérieur autrefois si fier, le coup de grâce en quelque sorte.
Pour les besoins de l’argumentation, supposons que le déficit soit réel. Je vous demanderais alors, ainsi qu’à la haute direction de McGill, de faire preuve d’un réel leadership. Plusieurs mesures pourraient être prises :
- Réduire le nombre de postes de haute direction ;
- Réduire leurs salaires à l’équivalent de ceux des autres universités québécoises ;
- Geler l’embauche de cadres supérieurs pendant la durée de la crise budgétaire ;
- Annuler l’embauche de personnes dont l’objectif est de trouver des employés à licencier ;
- Annuler le contrat du Groupe Nous et tout autre contrat similaire. Voir ci-dessous des exemples des ravages causés par le Groupe Nous et d’autres entreprises similaires qui ignorent les universités et leur engagement envers l’enseignement supérieur et la recherche.
Je vous demande également d’annuler tous les licenciements, mises à pied et relocalisations et de fournir à toutes les parties prenantes le budget et les dépenses, ainsi que toute l’information nécessaire pour avoir une vision juste et précise de la situation. Je vous demanderais ensuite de vous réunir avec toutes les parties intéressées en toute bonne foi, avec transparence et avec la volonté sincère de traiter équitablement et efficacement la situation actuelle à McGill. Si vous refusez, je vous demanderais alors de démissionner.
MUNACA et les autres syndicats présents sur le campus ne se laisseront pas faire par ces coupes. Nous nous mobilisons.
Cordialement, tc
Thomas Chalmers
Président MUNACA/AFPC 17602
Monsieur le Président Saini, vous avez été président et vice-chancelier/professeur de sciences végétales, alimentaires et environnementales à l’Université Dalhousie de janvier 2020 à décembre 2022. En 2022, Dalhousie a recruté UniForum. Nous savons également que Nous Group a été utilisé par l’Université de Canberra, où vous étiez vice-chancelier et président de l’Université de Canberra de septembre 2016 à décembre 2019. L’impact général d’UniForum et de Nous Group sur les universités est qu’ils proposent un outil d’analyse comparative et des services de conseil très coûteux, qui imposent un programme préexistant visant à faire fonctionner les universités comme des entreprises, en recommandant la centralisation, l’automatisation et même des changements de gouvernance, le tout en période d’austérité. Ils manipulent les statistiques et les méthodologies à cette fin. (Nous Group et UniForum)
MUNACA s’est entretenu avec un représentant de la SFU et a appris que les coupes budgétaires étaient si importantes que leur programme coopératif, très populaire, a failli perdre son accréditation et qu’ils n’arrivaient pas à suivre le rythme des admissions à l’université. Voici un aperçu de ce qui s’est passé à Queen’s : https://qcaa.ca/shockdoctrine/
À l’Université Laurentienne, les conséquences de l’austérité, avec la recommandation d’UniForum et du Groupe Nous, ont probablement été les plus dévastatrices : « Le groupe recommande de réduire la taille du sénat de l’université, d’élaborer un nouveau plan stratégique et de consolider tous les services aux étudiants.» Au total, 69 programmes de premier cycle et des cycles supérieurs et 195 postes de professeurs ont été supprimés. Le Groupe Nous a travaillé à modifier la structure de gouvernance de l’Université Laurentienne. Les rapports produits par le Groupe Nous ont été retirés du site web de l’Université Laurentienne.